Lorsque je suis devenu Conseiller municipal de Sassenage, en mars 1977, Raoul Scarpini et Gino Locatelli avec qui je travaillais chez Permali Ă Fontaine, mâont dit :  » puisque maintenant tu es Ă©lu, il serait bien que tu viennes soutenir les Ă©quipes de foot de Sassenage « .
En me rendant au stade de la RollandiĂšre pour voir Ă©voluer les « canaris », parmi les diffĂ©rents entraineurs des gamins, jâai entre autres, fait la connaissance dâAndrĂ© Reysset, le jeune prof dâĂ©ducation physique du collĂšge Fleming.
Je ne disais pas encore Dédé !
Avec AndrĂ©, nous nous sommes retrouvĂ©s dans la campagne des Ă©lections municipales de 1995, il Ă©tait lâun des piliers de lâassociation Ensemble pour Sassenage et lorsque nous fĂ»mes Ă©lus, il deviendra le vice-prĂ©sident du groupe Parti socialiste-Ensemble pour Sassenage.
Câest Ă cette Ă©poque quâavec Françoise et DĂ©dĂ©, nous sommes devenus amis.
Eh oui, Dédé, entre-nous sont nées de grandes complicités :
âą jâĂ©tais ton ainĂ© dâune semaine,
âą nous avons eu des enfants en Ă©tant jeunes.
⹠Et puis, tu étais devenu le cinquiÚme élément du groupe que je présidais.
Ce nâĂ©tait pas de la fiction comme le film nommĂ© lâannĂ©e dâaprĂšs, aux CĂ©sars et aux Oscars, mais une rĂ©alitĂ© parfois : turbulente et dĂ©rangeante.
Françoise ou Roger savent ce que ces deux adjectifs signifient.
Tu nâhĂ©sitais pas Ă donner de la voix lorsquâune pratique tâapparaissait non conforme aux rĂšgles dĂ©mocratiques.
Chez toi, jâai toujours apprĂ©ciĂ© cette franchise !
DĂ©dĂ©, il mâest difficile de te dissocier de Françoise, des amis que jâai invitĂ©s Ă Fontaine et qui mâont ensuite, accompagnĂ© lorsquâavec Martine, nous avons formĂ© un nouveau couple.
DĂ©dĂ©, câĂ©tait le collectif dont jâai parlĂ© au dĂ©but, mais aussi celui qui apprĂ©ciait de sâisoler par moment, lâamoureux dâexpĂ©riences nouvelles.
Notre groupe sâĂ©tait Ă©toffĂ© avec lâarrivĂ©e de GĂ©rald et, Ă six, nous pouvions mieux ĂȘtre entendus.
De prof de gym, tu Ă©tais devenu le rĂ©fĂ©rent de la SEGPA au CollĂšge Fleming. (Section dâEnseignement GĂ©nĂ©ral et Professionnel AdaptĂ©). Une mission auprĂšs des Ă©lĂšves les plus dĂ©connectĂ©s, ce qui te convenait parfaitement.
Mais, la SEGPA nâa pas durĂ©.
Nous nous sommes retrouvés à lutter pour sa survie, avec, y compris une manifestation du collÚge à la mairie.
En dĂ©saccord avec cette nouvelle situation et les prioritĂ©s fixĂ©es Ă lâenseignement public, tu as postulĂ© pour lâOutre-mer auprĂšs de lâĂducation Nationale et tu as Ă©tĂ© affectĂ© Ă Mayotte.
Pour le conseiller municipal de Sassenage, câĂ©tait un dilemme, tu mâas alors demandĂ© :  » je dĂ©missionne ou je reste Ă©lu et je vous fais des pouvoirs « . Je tâai rĂ©pondu : » Ă toi de dĂ©cider ! «Â
Tu as pris la meilleure dĂ©cision, ne pas occuper une fonction si lâon ne peut pas sâimpliquer.
Te voilĂ parti enseigner Ă Madmoudzou, le Chef-lieu de Mayotte, une ile de lâOcĂ©an Indien. Françoise te rejoindra quelques annĂ©es plus tard.
Lorsque vous reveniez en métropole les étés, nous apprécions de vous revoir aux Bayles.
Nous aimions aussi vous recevoir chez nous. Il y a une date qui mâa marquĂ©e plus que dâautres, le 28 juillet 2008, jâavais confectionnĂ© une paella.
Les Bayles, CordĂ©ac, cette commune qui tâa vu naitre, sautons des Ă©tapes pour cette surprise organisĂ©e Ă la salle des fĂȘtes, par Estelle, AgnĂšs et AmĂ©lie : fĂȘter les 60 ans de Françoise ainsi que le dĂ©part en retraite de DĂ©dĂ©, avec tous vos amis. Je me souviens de cette date, trĂšs particuliĂšre pour moi, câĂ©tait le jour des 60 ans de ma sĆur, le 25 aoĂ»t 2012.
Le secret de cette fĂȘte avait Ă©tĂ© bien gardĂ©, et avec tous tes amis, qui pour lâessentiel sont les nĂŽtres, des Ă©vĂšnements comme celui-ci, ça marque. La preuve je lâĂ©voque !
Jâavais Ă©crit un poĂšme intitulĂ©, « lâamitiĂ© câest beau comme un soleil« , je lâai retranscrit dans mon livre, « sous la falaise, le ciel est rouge« .
Il ne se sera pas Ă©coulĂ© beaucoup de temps, avant dâĂȘtre sollicitĂ© pour officier le mariage dâAmĂ©lie et Guillaume le 8 juin 2013, avec les rencontres prĂ©liminaires pour prĂ©parer cette cĂ©rĂ©monie.
DĂ©dĂ©, avec Françoise, vous nâavez eu que des filles. Estelle a changĂ© la rĂšgle, tandis quâAgnĂšs et AmĂ©lie, vous ont parfaitement imitĂ©s.
Tu Ă©tais lâhomme aux mains dâor, que ce soit Ă Sassenage ou aux Bayles, les transformations Ă©taient tes Ćuvres.
Dans le mĂȘme temps tu tâinvestissais avec dâautres. Nous nâavons pas vu la cuisson du pain dans ce four ancien quâavec des amis, vous avez rĂ©habilitĂ©.
Et ce projet, dâaller ensemble aux champignons ; tiens DĂ©dĂ©, cette annĂ©e, nous nâavons pas encore cueilli, dâhygrophores de mars.
Tout a changĂ©, le jour oĂč tu tâes Ă©croulĂ© et nous nâavons pu nous revoir !
Non, nous nâallions pas tâoffrir un livre thĂ©orique, nous avons choisi la derniĂšre bande dessinĂ©e de nos gaulois prĂ©fĂ©rĂ©s : AstĂ©rix et ObĂ©lix. AprĂšs tout, toi, tu as conservĂ© ta moustache.
Nous avons adorĂ© fabriquer de la gelĂ©e et des pĂątes, des coings de votre verger. Sur notre balcon, la menthe plantĂ©e en pot est celle en provenance de votre jardin. Câest dire si encore trĂšs longtemps, tu seras avec nous !
LâĂ©tĂ© dernier, nous avions arrĂȘtĂ© une date pour Ă nouveau te revoir physiquement, nous avons entendu ta voix devenue rocailleuse, elle nous a parlĂ© dâespoir.
A chaque questionnement, nous nous disions :  » DĂ©dĂ© va gagner ! «Â
Tu tâes tellement battu contre la maladie, obtenant des rĂ©pits, que cet espoir Ă©tait de mise !
Votre message du 1er janvier était pour nous dire :  » à bientÎt de se retrouver, amitiés, Françoise et Dédé « .
Enfin, ce jour allait peut-ĂȘtre arriver !
Dans la foulée, nous nous sommes dit : « il faudrait que Dédé puisse jeter un regard, sur cette bande dessinée » et nous avons chargé Amélie de se faire notre intermédiaire.
Le message du 15 fĂ©vrier est tombĂ© comme un coup de poignard : « Michel et Martine, DĂ©dĂ© est parti hier Ă 22H40, câest horrible ! «Â
Oui, câest horrible, lorsque la maladie finit par triompher et crĂ©er un vide, ce vide tant redoutĂ©.
Si tu tâes tant battu, câest pour faire revenir Ă nouveau la joie et le bonheur chez les Reysset.
Et, nous saluons ce courage qui a été celui de Françoise, continuellement à tes cÎtés.
A Françoise, nous voulons dire notre affection, lui dire combien nous lâaimons.
Il faudra des tas de mains, de bras pour lâaider Ă affronter cette terrible Ă©preuve.
Allez les filles, Estelle, AgnÚs, Amélie, les gendres, les petits enfants et nous toutes et tous les amis, contribuons à redonner plus que des condoléances, du soleil.
Merci DĂ©dĂ©, merci lâami !